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Charlot fait une cure (1917)

désir  - « rides inversé ? »

(In  LANGAGE TANGAGE ou CE QUE LES MOTS ME DISENT de Michel LEIRIS, Editions Gallimard, p.22, 1985)

 

La fréquentation personnelle du théâtre de Rémi DE VOS, et la découverte de Justin prend du Spectrum, ont fait naître un désir tenace et irrépressible d’en faire la mise en scène.

 

Homme de l’ombre, dans les longues heures passées en salle de répétition et sur les plateaux depuis des années, le théâtre où les comédiens sont rois est au cœur d’une préoccupation personnelle. Mettre en scène, comme on l’entend au sens littéral, devient  la poursuite de mon travail théâtral.

 

Le coup de cœur pour ce texte, en accélère la nécessité. Rémi DE VOS fait partie intégrante de cet amour du théâtre.

 

La collaboration artistique continue avec Véronique SAMAKH et Anne Catherine CHAGROT depuis 2000 au sein d’ORIAS, comme celle menée depuis 2005 aux côtés de Bruno BOULZAGUET pour ses propres créations par ailleurs, m’ont confirmé dans cette volonté de porter un projet artistique personnel. En effet, l’orientation permanente de notre travail sur le théâtre contemporain, qu’il relève de l’adaptation, du montage ou de l’écriture d’un auteur vivant, est le creuset de cette marmite bouillonnante où naissent des projets si différents qui ne cessent de se croiser. Dans cette aventure commune où le comédien est central, la lecture de Justin prend du Spectrum m’a permis d’en trouver la distribution idéale immédiatement.

Tout d’abord Bruno BOULZAGUET, pour interpréter Justin, avec qui les collaborations théâtrales communes nombreuses ne seront que la poursuite de notre connivence.

 

Yveline HAMON, rencontrée sur la création de Cassé de Rémi DE VOS,  (mise en scène de Christophe RAUCK au TGP St Denis) est typiquement la comédienne  dont on pourrait imaginer que l’auteur a écrit ce rôle pour elle. Au-delà de son immense expérience, elle incarne la folie totale, la truculence nécessaire au couple qu’elle forme avec sa cadette.

 

Maryse POULHE, déjà complice pour d’autres spectacles notamment avec Cécile GARCIA-FOGEL pour Foi, amour, espérance d’HORVATH, fera de Mélanie cette partenaire indispensable à l’énergie explosive et vitriolée imaginée par l’auteur dans cette pièce triangulaire.

 

Il fallait une famille pour imaginer ce trio infernal, elle s’est naturellement constituée avec ce projet.

 

Avant tout, la pièce utilise une langue acérée, dialoguée avec concision qui la rend d’un abord fulgurant à la lecture. Elle doit retrouver toute sa force dans une mise en scène exigeante, au fil du rasoir, pour en préserver toute l’électricité. Elle nécessite un travail de dissection minutieuse et patiente pour en livrer les abysses qu’elle ouvre.

 

Il y a de la chair et des corps dans ce théâtre-là. L’apparente immédiateté de ce babil brute et quotidien nécessite une patience d’horloger pour que tous les thèmes traités soient entendus et s’entrechoquent : le rapport au travail, les jeux de séduction, la volonté de lutter contre le vieillissement et la mort, la cure et ses fontaines de jouvence, les rapports homme/femme, les hiérarchies sociales et la domination qu’elle engendre, le mauvais goût qui n’a pas d’âge ni d’époque, la grandeur de nos médiocrités, l’inventaire de nos affects.

 

Olivier Oudiou

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